Dégradation de la mangrove du Togo

Les mangroves jouent un rôle important dans l’équilibre de l’écosystème. Non seulement elles servent d’abri à de nombreux animaux, mais elles protègent aussi les côtes de l’érosion en absorbant les vagues, abrègent les dégâts causés par les inondations et les ouragans, et contribuent au ralentissement du réchauffement climatique par leur forte absorption de CO2. Au Togo, l’état de la mangrove se dégrade. Les ONG et acteurs locaux se mobilisent pour la protéger et la restaurer. Les mangroves sont généralement des étendues d’eau stagnantes le long des côtes. Elles abritent des espèces végétales et animales même si on observe un déséquilibre entre les unes et les autres. Concernant les végétaux, on observe principalement des palétuviers qui sont des arbres ou arbustes tropicaux à racines échasses capable de se développer dans des zones de balancement des marées le long des rivages ; alors que pour les espèces animales, il y a plus de diversité avec les crustacés, les poissons, les mollusques et les crabes. L’un des poissons typiques des mangroves est le périophtalme. Il a des nageoires qui lui permettent de se déplacer hors de l’eau. Les mangroves jouent un rôle important dans l’équilibre de l’écosystème. Non seulement elles servent d’abri à de nombreux animaux, mais elles protègent aussi les côtes de l’érosion en absorbant les vagues, abrègent les dégâts causés par les inondations et les ouragans, et contribuent au ralentissement du réchauffement climatique par leur forte absorption de CO2. Certaines mangroves peuvent également faire avancer la terre vers la mer grâce aux palétuviers rouges qui ont des capacités de rétention des sédiments dans leurs racines. En 2007, l’Afrique possédait 3,2 millions d’hectares de mangrove (FAO, 2007) dont 70 % se concentrent au Nigéria, au Mozambique, à Madagascar, en Guinée et au Cameroun. Pour l’Afrique de l’Ouest cette surface a diminué de l’ordre de 30% depuis 25 ans et cette dégradation est liée à la surexploitation des ressources, aux effets de la pollution liée à la décharge côtière et à l’urbanisation. On distingue trois types de mangroves : La mangrove de bord de mer, peuplée par des palétuviers rouges dont la hauteur peut atteindre les 8 mètres La mangrove arbustive, peuplée de palétuviers noirs qui poussent dans la vase La mangrove haute, peuplée par des palétuviers blanc et gris.

État de la mangrove du Togo

Au Togo, pays de l’Afrique de l’Ouest situé entre le Bénin à l’Est, le Ghana à l’Ouest, le Burkina Faso au Nord et bordé par l’océan Atlantique au sud, la mangrove couvre une superficie de 738 hectares sur le littoral au Sud Est contre 2600 en 1995. D’un point de vue administratif, elle est située dans les préfectures des lacs précisément dans les cantons de Agouegan, d’Aklakou et de Glidi et dans la préfecture de Vo précisément dans le canton de Agnron Kopé. Cette zone jouit d’un climat subéquatorial (deux saisons pluvieuses et deux saison sèches) et est drainée par trois principaux cours d’eaux dont le Mono, le Haho et le Zio auxquels s’ajoutes trois plans d’eau (le lac Boko, le lac Togo et la lagune d’Aného) et le complexe formé par les rivières Boko et Gbaga. On y dénombre 32 espèces animales aquatiques (des crabes, des huitres, des écrevisses et des poissons d’eau douce) et 23 espèces végétales dont les espèces dominantes -caractéristique particulière de la mangrove togolaise – sont les palétuviers rouges, les palétuviers blanc-gris-noirs ou encore bois de mèche et les fougères alors que les mangroves Ouest africaines sont peuplées par 8 espèces de palétuviers. Ce nombre limité d’espèces de palétuviers lui confère une certaine fragilité face à la pression humaine grandissante. Les différents groupes socioculturels qui peuplent la zone de mangrove pratiquent des activités traditionnelles comme la pêche, l’agriculture, le maraîchage et le commerce. La pêche occupe une place importante dans le développement de l’économie locale. Elle est généralement pratiquée par les hommes et le matériel le plus utilisé pour la capture des poissons est le filet. Cette activité est destinée à l’autoconsommation et la vente. La surexploitation des ressources halieutiques et l’utilisation des équipements peu conformes aux normes environnementales contribuent à la détérioration des ressources zoo-génétiques et floristiques de la mangrove. Ces populations utilisent le bois provenant de la mangrove (les palétuviers) pour des besoins énergétiques et des services. Les femmes et les enfants sont chargés quotidiennement de la récolte du bois à brûler. Ils sélectionnent les palétuviers de petit diamètre parce qu’ils sont plus faciles à sécher. Selon une étude sur l’écologie et la dynamique spatio-temporelle des mangroves au Togo (revue électronique en science de l’environnement), 91% de l’échantillon représentatif de la population des localités de la zone de mangrove affirment utiliser les espèces de palétuviers sous diverses formes dans les domaines de la biomasse, de la pharmacopée, etc. Les palétuviers blancs sont plus utilisés dans le domaine de la médecine traditionnelle pour leurs feuilles qui ont diverses vertus notamment le traitement de la diarrhée, du paludisme et des maux d’estomac. On note donc une forte dépendance des populations riveraines aux services écosystémiques de mangroves.

La croissance démographique couplée à l’augmentation des activités socioéconomiques et la paupérisation sont les causes majeures de l’exploitation abusive et non contrôlée des écosystèmes de mangroves au Togo et donc leur dégradation. L’apparition de multiples espèces végétales comme le Croc-chien, les amourettes (Mimosa Pigra) et surtout le P.santalinoides appelé Gbéougbéou en langue Fon (Dialecte du Bénin) témoigne de la dégradation de la composition chimique des eaux de la mangrove. Sa salinité a ainsi diminué car le P.santalinoides est un espèce qui se développe dans les forêts galeries d’eau douce dans les aires protégées au nord du Togo.

Les actions de protection et de restauration de la mangrove du Togo

Aujourd’hui, avec la prise de conscience généralisée, les actions sont en cours aussi bien par les autorités publiques que par les comités de développement locaux mais aussi par les organisations de société civiles et des populations riveraines en vue de la restauration de la mangrove du Togo. À cet effet en mi-février 2019, lors d’un colloque multi-acteurs, le consortium Uni4Coop, constitué de 4 ONG universitaires belges francophones (Eclosio, FUCID, Louvain Coopération et UJB-Coopération) en co-organisation avec l’entreprise sociale de Kinomé et l’université de Lomé, a lancé un chantier international de préservation des écosystèmes de mangroves. Ce fut l’occasion pour les ONG, les institutions publiques, les communautés locales, les scientifiques et les politiques du Nord comme du Sud, d’échanger sur leurs pratiques et savoirs, leurs besoins, leurs difficultés, leurs expertises et de réfléchir ensemble pour l’amélioration de la gestion des ressources naturelles dans ces écosystèmes essentiels.

Les parlementaires n’en demeurent pas moins concernés et ont participé du 21 au 22 avril 2022 à une rencontre organisée dans le cadre du PAPBio (programme d’appui pour la préservation de la biodiversité et les écosystèmes fragiles, à la gouvernance régionale et au changement climatique en Afrique de l’Ouest) et du programme WACA (programme de gestion du littoral Ouest Africain), lors d’un atelier de plaidoyer sur le projet PAPBio C1-Mangroves (projet sous régional d’Afrique de l’Ouest signé en Juillet 2019 couvrant le Togo, le Bénin, le Ghana, la Sierra Léone, le Libéria, le Sénégal, la Gambie, la Guinée-Bissau et la Guinée Conakry, pour une durée de 47 mois et financée par l’Union Européenne)  pour faire l’état des lieux de la gestion des mangroves, les effets des pressions anthropiques et des changement climatiques sur les mangroves au Togo en vue d’une résilience côtière. Cette rencontre a permis de renforcer les capacités des parlementaires sur la gestion des écosystèmes de mangroves, de les outiller en vue de l’adoption du prochain code forestier au Togo en intégrant la dimension de la gestion des aires protégées et des forêts de mangroves ou toutes autres actions législatives pour la protection des mangroves du Togo. Elle permettra également de mettre en place des plateformes d’échanges et de prise de décisions entre les acteurs sur l’utilisation des espaces des écosystèmes fragiles de mangroves.

Dans le cadre du projet d’investissement de résilience des zones côtières en Afrique de l’Ouest WACA (West Africa Coastal Areas Resilience Investment Projet) ResIP financé par la Banque mondiale à hauteur de 221,70 Millions de dollars US dans six pays d’Afrique de l’Ouest et du centre, dont notamment le Bénin, le Sénégal, la Mauritanie, Sao Tomé-et-Principe, la Côte d’Ivoire et le Togo, il a été lancé un programme de reboisement de 31 750 plants de différentes espèces de palétuviers dans la ville d’Aného au Togo sur 35 hectares avec des activités de sensibilisation et d’appui des activités génératrices de revenus aux riverains.

Ces projets arrivent à point nommé pour la population consciente de l’importance de la préservation de la mangrove.

Au-delà de simple préservation d’un espace naturel et de la biodiversité, la mangrove est la principale source de survie pour les populations environnantes en raison de leur forte dépendance à ses services. Il est donc urgent d’élaborer un plan d’aménagement adéquat pour la protection de celle-ci et d’en assurer une exploitation durable en tenant compte des réalités actuelles car la mangrove constitue un écosystème fragile, et qui se fragilise encore davantage avec les changements climatiques.

Hamdiyat BOURAIMA

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