Mangroves de Madagascar : un contexte qui mobilise l’état, les partenaires et collectivités locales
Au pays des Zébu, la gestion locale des ressources renouvelables plonge ses racines au plus profond de l’histoire. Il y a environ une dizaine d’années, l’ancienne politique répressive et exclusive de gestion autoritaire de ces ressources a disparu avec la loi 96-025 instituant la gestion locale des ressources naturelles.
Aujourd’hui, à Madagascar, la mangrove couvrirait une superficie de 320 mille hectares avec huit différentes espèces. C’est l’équivalence de 20% des mangroves de tout le continent africain (Source : WWF Madagascar). Une dynamique obtenue grâce à la volonté et l’implication des acteurs à tous les niveaux : l’état central représenté par direction régionale de l’environnement, de l’écologie et des forêts, la direction régionale des ressources halieutiques et de la pêche ; les ONGs, les organisations communautaires de base pour la gestion durable de mangroves et ses écosystèmes associés OCB et les partenaires techniques et financiers.
Pour découvrir les spécificités du contexte Malgache, les participants de ce voyage d’étude se sont rendus à Belo dans le paysage de Tsiribihina. Une zone qui présente un écosystème varié et riche de mangroves. Dans cette région, il existe des capacités locales de gestion durable des mangroves. À Ambakivao, un village de pêcheurs, l’organisation communautaire de base pour la gestion durable de mangroves et ses écosystèmes associés focalise ses actions sur la restauration des mangroves, le reboisement et des surveillances-patrouilles pour une meilleure gestion de ces ressources. Après trois années de gestion locale des mangroves par l’OCB de ce village, la direction régionale de l’environnement, de l’écologie et des forêts vient de leur renouveler le contrat de gestion jusqu’en 2028.
« Nous avons quelques difficultés concernant la mise en œuvre de notre convention collective de gestion. Nous souhaiterions que nos visiteurs partagent avec nous leur expérience en la matière … », Joseph RENE, président VOI de Ambakivao
Ce jeudi 4 octobre 2018, les participants ont pris la route pour visiter un site de restauration de mangroves à Andranokaolo situé à 2 heures de marche de Belo. Dans les années 1953, les communautés de ce village avaient détruit les mangroves au profit de la riziculture. Avec la salinisation du milieu, la production du riz a entièrement chuté et le site, devenu désertique, est abandonné. En 2007, la communauté locale prend conscience de l’enjeu et entame les actions de restauration avec l’appui technique de la direction régionale de l’écologie et des forêts et le soutien de WWF. En 10 ans, 100 hectares de mangroves sont restaurés. Une expérience réussie et basée sur la connaissance locale.
« C’est impressionnant de constater qu’un milieu désertique il y a quelques années est couvert de mangroves aujourd’hui. C’est une prise de conscience totale des communautés qui associent également des jeunes pour leur enseigner dès maintenant ces bonnes pratiques. C’est vraiment une bonne chose », a déclaré Justice MENSAH, représentant de l’ONG Hen Poano du Ghana.